1 mai 2016 Se nourrir de musique
Pour des enregistrements, les décisions d’achat sont généralement vite prises et spontanées. Pour une place de concert, ce n'est pas forcément le cas.
Le prix peut faire hésiter mais pour les contenus, les amateurs de musique ont des jugements rapides : «j’aime ou je n’aime pas». Il faut essayer de comprendre pourquoi un album, un artiste ou un concert plaît ou ne plaît pas à telle ou telle personne. Il faut se demander pourquoi un accro de la musique a besoin de cet album et pas d'un autre, veut écouter tel groupe et pas vraiment un autre, se précipite à tel concert et pas un autre.
Besoin social ou tout simplement besoin de changement ?
Un accro de la musique achète souvent par habitude, par fidélité, tant qu'il trouve de la satisfaction. Albums et places de concerts font partie de sa vie. Il est toujours en quête d'informations. Quelle est la date de sortie de l'album ? Un de mes amis l'a-t-il déjà entendu ? La tournée va-t-elle passer par ici ? Est ce que c'est bien sur scène ? ... Les réponses seront bien plus importantes que celles communiquées par la publicité ou le discours d'un revendeur ou de certains animateurs tv.
Un consommateur de musique a toujours envie d'en écouter. Sans avoir forcément digéré, il retourne à table. Des fois trop vite gavé, il se jette sur un nouvel album. Il peut passer du sucré au salé ou bien toujours manger épicé. En fait, il trouve toujours quelque chose à se mettre sous la dent, car le choix est énorme. Le gourmand est rarement rassasié et se laisse bien tenter par de nouvelles saveurs. Celui qui a un plus petit appétit mange moins. Généralement moins curieux, il consomme souvent la même chose. Lui, il faudra un peu l'aider !
Quasiment tout est disponible et tout le temps, même les albums qui ne sont pas encore produits peuvent être précommandés. Quant aux concerts, il faut vite se décider pour ne pas manquer la date. Et puis le nombre de places est toujours limité.
Jusqu'au paiement, le client peut facilement revoir son jugement, faire marche arrière et tout simplement changer d'avis si la température baisse. Du mauvais accueil en magasin à l'interface d'un site marchand trop biscornue, le moindre frein, une mauvaise ambiance, le moindre doute, un coup de stress, la moindre hésitation peut stopper net le client dans son achat. S'il réussit à surmonter tous les obstacles et, de surcroît, a une bonne expérience consommateur ou prend du plaisir à acquérir du temps de musique, il flânera jusqu'au passage caisse en pensant à son prochain achat ou au prochain concert qu'il aimerait voir.
Entre temps, il va écouter ce qu'il vient d'acquérir et évaluer l'adéquation de ce temps de musique avec ses besoins ou envies de départ.
A-t-il bien fait d'aller au concert ? A-t-il fait un bon choix en prenant cet album ? Des regrets ? De la déception ? Son jugement aura aussi de l'incidence sur ses achats futurs. Et s'il en parle autour de lui, son jugement aura en plus de l'incidence sur les prochains achats de ses amis. L’évaluation post-achat peut donc avoir des conséquences très importantes. Des avis négatifs cumulés et amplifiés peuvent laminer des années de travail, saper une prochaine tournée et mettre un artiste sur la touche. Les fans ne le sont plus éternellement et prônent aisément l'infidélité en quelques clics. Quelques critiques acerbes peuvent avoir bien plus d'impacts que des éloges éphémères et moins sensationnelles.
Pour l'artiste, inutile de penser au service après-vente ou de se doter d’un sympathique centre d’appel pour recueillir les plaintes ou commentaires désabusés. De toute manière, c'est le risque qu'il doit assumer s'il veut rester libre de créer comme il l'entend. Et pour tous les partenaires qu'il aura réussi à engager, il ne leur reste plus qu'à assumer des choix et se relever en en tirant, dans la mesure du possible, quelques enseignements. Comme tous les goûts sont dans la nature, dans la musique, à chacun sa chance.
Union Jack et des étudiants de l'IMM
En Avril 2016, les étudiants de l'IMM ont révisé, cherché et trouvé leurs stages, mais aussi rencontré Fabien Martin pour parler de sa carrière, mettre en relief des moments clefs, discuter ouvertement de son travail et de sa condition d'artiste, Tom et Ben du groupe Union Jack ont présenté leurs parcours, la panoplie complète du DIY qu'ils ont imaginée, le plaisir et les difficultés à surmonter pour conduire des projets en toute autonomie, Danièle Molko (ABACABA) a très gentiment accueilli un groupe d'étudiants chez elle pour présenter son entreprise d'édition, de production et d'évènements qu'elle dirige avec passion depuis plusieurs décennies.