6 déc. 2014 Aujourd'hui, on vous présente un photographe de concerts
Au service d'agences de presse, pour des quotidiens ou mensuels, sur support ou pour le net, Jean-Lionel Parot suit de nombreux évènements et a fait de la photographie de concerts une de ses spécialités. Chaque semaine (et parfois même en une soirée), il couvre 3 à 4 concerts principalement pour ConcertLive.fr.
Jean-Lionel Parot exerce son métier de photographe depuis une dizaine d'années. Toujours attiré par le visuel, il développe d'abord son sens de l'image en peignant. Il apprend les couleurs et leurs significations, puis l'esthétique et divers mouvements avec Catherine Pratz-Okuyama (auteur de plusieurs ouvrages sur Monet, Braque, Mirò ou encore Dubuffet) et l'artiste-peintre hollandais Michaël Rieu. C'est en qualité d'artiste conceptuel qu'il rejoint ensuite Jacques Cohen du Centre d'Études et de Recherches en Arts Plastiques (Praxis et Altérités) pendant cinq ans. L'altérité le fascine, il cherche à comprendre la particularité et à la saisir.
La photographie est un support indispensable pour communiquer. Les artistes et les producteurs en ont bien conscience. Afin de découvrir concrètement leurs doléances ou encore de dévoiler ce qu'il y a derrière certaines photographies, les étudiants de l'IMM ont rencontré Jean-Lionel Parot.
Bien évidemment, le matériel est important. Il faut être capable de prendre des photos en basse lumière et silencieusement. Avec son boîtier canon Eos 1 DX, Jean-Lionel Parot peut par exemple couvrir un concert intimiste de Rosemary Standley (Moriarty), même si elle est faiblement éclairée, ou encore un récital à la harpe et dans une église, alors que de nombreux photographes en ont l'interdiction et même l'incapacité technique.
Pour Jean-Lionel Parot, c'est « la mode du sous-éclairage » sur scène. Le manque de lumière est un véritable obstacle à franchir. Les éclairages LED, qui éclairent moins que les projecteurs classiques, provoquent des résultats souvent sombres et donc sans intérêt.
Pour qu'une photo soit acceptée en agence, il faut généralement « voir le visage de l'artiste... et ses 2 yeux ».
Un photographe de concerts a de nombreuses difficultés à surmonter pour effectuer un bon travail. Tout d'abord, il doit toujours faire avec l'emplacement qui lui est attribué. Généralement, il est « figé » et ne peut pas circuler. Certains artistes ou leurs producteurs placent les photographes, pour des raisons diverses qui dépassent la mise en exergue d'un avantage esthétique. Des accords commerciaux peuvent exister pour valoriser une marque et donc la montrer. Des contrats d'endorsement imposent certains instruments (il ne faut donc pas montrer les autres). Dans certains cas, il s'agit de cacher le prompteur que l'artiste utilise ... La fenêtre de tir peut aussi être assez étroite. 3 titres sont généralement autorisés pour capturer des images de l'artiste. Et pas n'importe quels titres : les 3 premiers de préférence (moment déterminé par l'artiste ou son producteur).
Après le concert, il arrive que le photographe remette des images au producteur. Ce dernier peut alors faire une sélection et supprimer certaines photos. Dans ce cas, le photographe peut avoir des difficultés s'il travaille sur commande. Si le producteur ne lui laisse, par exemple, que 3 ou 4 photos, il devra rendre des comptes à l'agence qui aura fait appel à ses services. Les relations avec les producteurs et les conditions de réalisation et de validation des photographies sont donc importantes.
Ces relations peuvent être contractuelles mais il lui arrive aussi de se retrouver devant un document comportant une clause léonine ou faisant état de pratiques douteuses. Jean-Lionel Parot refuse systématiquement ce qu'il qualifie de «vol d'images» : la cession de droits sur les photographies sans contrepartie ou en échange d'une simple accréditation.
Selon le Code de la Propriété Intellectuelle, la photographie est une oeuvre et le photographe en est son auteur. Il dispose donc de droits moraux et de droits patrimoniaux. L'auteur jouit, par exemple, du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre. Il est donc nécessaire de faire figurer un crédit photo ou encore de ne pas effectuer de retouches sans autorisation préalable du photographe. En cas d'utilisation ou de diffusion, le photographe doit percevoir une rémunération bien souvent fixée forfaitairement.
Il n'est jamais facile de faire respecter des droits d'auteur.
Quand un artiste utilise ses photographies sans accord préalable, il n'attaque pas systématiquement en justice car il doit maintenir son réseau. Encore dernièrement, un groupe a diffusé sur les réseaux sociaux une photographie d'une star arborant leur nom sur un t-shirt. La photographie a été réalisée par Jean-Lionel Parot mais le crédit photo a purement et simplement été supprimé avant la publication. Jean-Lionel Parot n'a pas donné une suite juridique malgré cette atteinte au droit d'auteur.
Les médias peuvent demander des photographies « libres de droits». Cela peut sous-entendre que le photographe a préalablement cédé ses droits et n'aura pas de revendications particulières. Il arrive également d'indiquer la mention « DR » (Droits Réservés) lorsque le photographe n'a pas été identifié. Si, par la suite, l'auteur se manifeste, il faudra trouver un accord avec lui et le payer selon les usages en vigueur.
Même si des barèmes existent, Jean-Lionel Parot dit qu'ils sont rarement appliqués. L'Union des Photographes Professionnels (UPP) présente un barème indicatif en fonction des conditions de cessions de droits d’auteur pratiquées. Il indique les bases de référence des rémunérations proportionnelles aux différentes utilisations, tenant compte du format de publication de la photographie par rapport au format du support, de la nature du support, du chiffre du tirage ou diffusion de chaque média et de la durée d’exploitation dans le temps. Par ailleurs, il existe également un barème officiel des oeuvres de commande en publicité.
Pour une photographie de concert, il obtiendra au mieux 300 euros. Une photo de mode peut parfois atteindre 10.000 euros...