30 avril 2023 Guitare Xtreme ou la presse musicale bien dynamique !
La presse musicale est importante dans l'éco-système de la musique ! Les étudiants de l’IMM viennent de rencontrer Ludovic Egraz, un journaliste chevronné et rédacteur en chef du magazine Guitare Xtrême. Ludovic commence sa carrière dans la presse musicale en 1991, à 21 ans, chez Guitares et Claviers, puis Guitar & Bass et Rage Magazine où il va officier jusqu’à la création de la société BGO Editions administrée par Olivia Rivasseau.
Les éditions BGO détiennent quatre titres de presse dite spécialisée : Guitare Extrême (tirage entre 20 000 et 25 000 par mois), Batterie Magazine, Bassiste Magazine et Guitare Sèche Le Mag, chacun des titres ayant une périodicité différente (respectivement deux mensuels, un bimestriel et un trimestriel).
L’équipe compte six membres permanents, quinze pigistes et trois photographes.
Le groupe confie la distribution/diffusion de ses titres aux Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) qui ont également pour rôle la gestion des retours, des invendus et des ajustements selon l'évolution des mises en places et des ventes.
Guitare Extrême, qui n’est pas spécifiquement dédié aux musiques extrêmes, met à l’honneur l’instrument à six cordes tous les mois depuis vingt ans, au travers de tests de nouveautés matériel, d’interviews, de chroniques d’artistes et de sujets pédagogiques.
Mais là aussi le marché bouge et la consommation évolue. Alors c'est l'occasion pour les étudiants de l'IMM, d'aborder le secteur de la musique sous un autre angle, celui de la presse musicale, celui d'un éditeur qui doit sans cesse anticiper de nouvelles mutations et s'adapter aux besoins et envies des lecteurs.
Comment sont réalisés les magazines ? Comment se différencier d'une concurrence directe ou indirecte ? Comment assurer une croissance ? Quelles sont les solutions pour développer une activité ? Ou encore comment se font les choix éditoriaux ? Autant de questions, finalement, que toutes les personnes concernées par la musique peuvent se poser. Autant de sujets évoqués très ouvertement avec Ludovic, sans langue de bois, car rien n'est facile et nécessite, dans tous les cas, de nombreuses réflexions, des actions et de grosses journées de travail.
Prenons les couvertures par exemple. Il y a des couvertures incontournables. “On ne peut pas passer à côté de Pink Floyd pour les 50 ans de Dark Side of the Moon ou de Jeff Beck lorsqu'un événement soudain comme sa mort survient et nous oblige à refaire la couverture dans l’urgence un soir de bouclage à 23h”.
Côté matériel ou production, combien de temps à l’avance un fabricant d'instruments ou un label doit-il proposer sa nouveauté ?
“On discute beaucoup avec les marques, et nous sommes en contact presque quotidiennement avec les labels et des attachés de presse. Nous recevons des sollicitations tous les jours. Les marques étrangères présentent des prototypes assez longtemps à l’avance et avec les marques françaises, on discute souvent en direct sans passer par des distributeurs ou revendeurs. Six mois avant publication, on sait de quel matériel on parlera”.
La dimension écologique est également au coeur de l'échange. Qui dit papier, dit impression, dit encre, dit arbres, dit transport, ... Il est donc important pour les éditions BGO de faire des choix conformest à ses valeurs: sélection et choix des encres, de l’emballage des magazines pour les envois postaux aux abonnés, choix du papier, recyclé, bien sûr. Tout fait l'objet d'une veille et d'une réflexion. Ces décisions impactent toujours le prix de revient.
Cette considération environnementale est également partagée par de nombreuses marques, généralement celles des artisans. L'éco-responsabilité est devenue une évidence, certaines marques conçoivent du matériel sans utiliser un gramme de matière plastique.
Le magazine a toujours eu à cœur de promouvoir le Made In France et l'artisanat depuis sa création. En observant une nébuleuse de petits salons régionaux (Salon de la Belle Guitare à Montrouge, Festival Guitare à Issoudun, Salon de la Batterie à Lyon...), Ludovic constate une croissance de l’intérêt de la part du public pour les marques françaises. Le hors série “Made in France”, par exemple, met en avant une soixantaine de marques dans le magazine.
Mais dans un contexte de crise quasi permanente, quels sont les moyens de communication mis en place pour un éditeur de presse musicale ?
En parallèle des éditions «papier», nous retrouvons les titres sur les réseaux sociaux et notamment sur YouTube où la chaîne compte plus de 8 millions de vues, 27 000 abonnés (avec une augmentation de 2500 abonnés par an), et sur Spotify avec une playlist actualisée chaque mois. Bien que le podcast ne soit pas aussi régulier que le souhaiterait Ludovic par manque de temps, il n’est pas pour autant négligé et la volonté de développement est bien présente.
Mais ce n’est pas tout ! Il ne faut pas être simplement observateur, testeur ou chroniqueur. Ludovic est également un praticien mélomane.
En plus de son activité dans la presse, il célèbre sa passion pour la guitare au travers du projet United Guitars, qui compte 4 volumes.
“L’idée de United Guitars est de réunir des talents, peu importe leur pedigree et leur génération, qu’ils soient connus régionalement, nationalement ou internationalement, et de les faire travailler ensemble dans un studio d’enregistrement, afin de concevoir collégialement un album, celui que de nombreux fans de guitare attendent depuis des années.”
Ludovic confie la production de United Guitars à Arnaud Bascunana directeur du Studio 180, et comme le monde est petit, également partenaire de l’IMM depuis de nombreuses années notamment sur des productions du label Juste Une Trace (label-école des étudiants).